Mercredi 27 Avril Scène de sélection L'Elsa Popping de Rennes

    A l’Elsa Popping, les poètes rennais sont montés sur le ring - Mercredi 27 avril 2005 - 23h51
    Photos de : Toma-Swan © Slam Zone Ouest


    Toma-Swan © Slam Zone Ouest J’étais, nous étions, nous public du Slam Zone Ouest, impatients, très impatients même, que les hostilités commencent… Mercredi dernier, dans un Elsa Popping bondé et surchauffé, lieu d’accueil de la première heure des poètes rennais et alentours, les slameurs avaient rendez-vous pour les qualifs. « Car le slam est aussi un sport », rappelait notre animateur fantasque, Ben Dover, de la FFDSP*. Au rez-de-chaussée du café, comme à l’étage où attendait le micro, chacun aiguisait ses slams. En point de mire, le Grand slam national du 18 juin prochain à Nantes…
    Qui hériterait de la lourde tâche de succéder au team 2004, première équipe historique de slam-poésie de la capitale bretonne ? On se rappelle encore des qualifs de l’an passé : Déborah et ses textes gourmands-coquins-câlins, Youn et la verve tranchante de ses chroniques urbaines et bien sûr l’inoubliable et incontrôlable Escrément Dangeureux et ses vomis verbaux provocateurs…

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest Après un set de chauffe, les inscrits étaient dans les starting-blocks. 19 poètes au départ dont 6 jeunes filles… Preuve que le slam ne cesse de faire des petits dans l’Ouest car en 2004, ils n’étaient que onze aux qualifs et Déborah était la seule représentante de la gente féminine. Pour cette nouvelle édition, c’est Gé, tiré au sort en premier, qui lança la course d’un slam rouleau compresseur mettant au pilori les fast-food. Son vécu d’ancien salarié de chez Quick transpirait… Du Chili à Concarneau, Roger J. nous fit ensuite voyager. L’espiègle nous rappela au passage qu’ « on ne fait pas d’Hamlet sans casser des gueux. » L’Elsa était déjà dans tous ses états. Le moment pour Bibass d’entrer en scène pour jouer à « un, deux, trois, soleil ! » avec les lettres de ses mots. Le public a aimé, le jury moins : les notes sont un peu dures. Alanphabète nous délivre ensuite son caustique « saoul marin », pauvre homme « perdu en mer sans amour ».

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest C’est alors que le rappeur Saphir sort de son écrin sa prophétie « le 21ème siècle aura son génocide, mais je persiste à dire qu’un autre monde est possible… ». Son hip-hiop frappe fort et les notes grimpent… Avec son « Slam à tout faire », Gab est la première miss à prendre la parole. « Un poème dit, un verre offert, j’m’en sers de façon thérapeutique… » Le message est clair, Gab se soigne au fond de ses vers. Et elle fait mouche en interpellant la foule d’une dernière phase si sensuelle : « Je vous dis des mots d’amour comme des mots de tous les jours. Dîtes-moi, ça vous fait quelque chose ? » Oui, c’est sûr, ça nous fait quelque chose : nos banquises sont en train de fondre…

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest Luciole la suit et poursuit en faisant des « ratures pour tracer son chemin… ». Un texte pour « tirer un trait sur le passé » et s’enlever une épine du cœur après la désillusion amoureuse. C’est là que Cris’Ef débarque avec fracas « ce soir, je vais vous parler de drogues. Nous sommes tous drogués à l’euroïne. » Prenant pour cible l’argent-pourriture, les formules chocs de notre poète frappent à la tempe. « L’argent est l’opium du peuple » pour clôturer son plaidoyer. Dans un autre registre, Le vévou récite avec un humour bon enfant son « Aïe !» : c’est l’histoire d’un type qui, le jour de ses 18 ans, a un putain d’accident… Chienne de vie. Autocritic prend la suite et clame « slamons tout ça, il n’y a pas de micro qui tienne… ». D’où l’ingénieuse invention du pied de micro… Derrière, Nesson sert les doigts des maquereaux dans son étau pour un « Putain » d’hommage à ses « miss princesses de la nuit », femmes prostituées sans cesse abusées. D’un coup, l’atmosphère s’assombrit et Boy renchérit. « Le vice versa son sang dans son bol… », extrait d’un poème mêlant amour et douleur… « Slam Alékoum ! » L’heure tournait, et Youn sentit le moment opportun pour sortir de son carnet « l’horloge ». Nous narrant les instants marrants d’un coucou, le slameur, figure des soirées poésie de Rennes et même d’ailleurs d’ailleurs, troqua ses chroniques sociologiques pour une phase chronologique chronique.

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest Lisa posa ensuite « un texte pour toutes les femmes. » Pour autant, nous, spectateurs masculins, nous n’en perdîmes pas une goutte surtout quand la poétesse nous fit la politesse de nous décrire le moment où « le Gange coulera entre ses jambes. » Avec trois notes de « 7,8 » récoltées, on s’est demandé si le jury n’était pas de mèche ou éméché… Boy, dénonciateur, trouvait que « 7,8 » c’était à peine le Smic… Le bonheur continuait de régner. Ben Dover en profita pour passer un message subliminal : « Jetez vos télés, vous les regarderez moins ! » Un relent de surréalisme prenait d’assaut l’événement. « Pour amuser la galerie d’art », ZS fit alors un sort aux vernissages mondains où trop de pintades font les coqs et trop de dindons la roue… « J’ai la bouche en sphincter de volaille, j’pète plus haut qu’mon cul », son personnage hante les réceptions, s’empiffrent et fait « du lard contemporain » en guise de régime… Trois minutes neuf secondes, à la limite du hors-jeu, notre virtuose s’échappe. C’est l’ovation.

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest Guenadou, aka Déborah, enchaîne. De la malice plein les yeux, elle nous conte « des ils et des elles ». Un regard sur les histoires d’amour qui se troublent, sur les plaisirs pourtant des amants comme un double. Namasté, elle, nous crayonne une séance de pose : la modèle est nue et belle, elle nourrit nos pensées charnelles. Sur ces entrefaites , arrive l’extravagante Marie Chiff’mine pour une réflexion sur le temps et une morale de l’histoire acide : « un vieux citron qui dit à un jeune citron, si tu veux vivre vieux, ne sois pas pressé… » Un hymne à la lenteur plein de jus. Marex, amateur de cervoise, termine la manche par une chronique pleine d’ironie qui s’achève au comptoir. « Garçon ! » Le temps presse et le set final est rapidement lancé. 11 participants ont été retenus. C’est Marie Chiff’mine qui va au charbon et nous « construit une montagne avec des pattes de fourmis ». Guénadou reprend le micro pour appeler « la France entière humaniste et révoltée » à s’intéresser aux problèmes géopolitiques, notamment en Afrique. Reprenant Alpha Blondy, elle rappelle que l’Afrique ne veut plus « d’indépendance sou haute-surveillance » sous le joug de l’armée française…
    « Que serait l’homme sans le vin / levain ? Un picon… » Bon vivant, Roger J. nous ramène aux plaisirs de la vie pour un voyage à travers les crus de nos vignobles. Zedesse prend le relais pour un « poème des jours où je me prend pour un poète. » Séquence déception amoureuse. Enrouée, la petite Luciole chante ces « jours où j’ai le cœur en miette. » Bouleversée, elle nous lâche en pleine face « j’ai juste le cœur en mille morceaux ». Des larmes lui viennent, le public s’émeut… Dans le mille : ce morceau la place en tête du classement.

    Toma-Swan © Slam Zone Ouest « Bobo » : Youn monte sur les planches pour régler ses comptes avec un monsieur je-sais-tout croisé dans une soirée. L’enquiquineur a « la sagesse d’un kiwi qui dit non ». Au final, « le bobo n’est pas si beau, c’est un boulet… » Vient alors la remise féministe des points sur les « i » de Gab. Dans ses « amoureux myopes », elle taille les mecs « qu’embrassent mal et veulent avaler tes amygdales… ». Pour rouler une pelle, demandez le mode d’emploi à notre princesse poétesse… Saphir ne se démonte pas et fait le tour du quartier pour nous présenter les personnages du quotidien. Son hip-hop filme les scènes du théâtre de la vie : l’intolérance y fait naître les tensions. Son flow martèle, du piler de comptoir à la maquerelle. Nesson, lui, vient « régler ses comptes avec la maîtresse de CE2 » et avec le système scolaire. Pourtant il ne renie pas l’école. Son refrain en résumé : « difficulté en cours, pas très beau parcours, je redouble ou je passe les classes, mais combien de gosses auraient aimé être à ma place. » Arrive Gé qui trouve que la tradition du set hardcore se perd. Qu’à cela ne tienne, il nous délivre un autre de ses classiques « la sorcière infanticide » en prenant la voie et l’attitude d’une vieille femme démoniaque. Du côté du public, c’est l’euphorie : les notes crèvent le plafond. Enfin, Alanphabète termine cette soirée d’un obscur « j’ai un doigt sur la gâchette et un pied dans la tombe. » Tombent justement les résultats : Gé, Luciole, Saphir et Zedesse composeront l’équipe 2005 de slam-poésie de la ville de Rennes au Slam national de Nantes en juin… Remercions notre jury : Pascal, le décorateur, Renaud et Thomas, les étudiants, Rachèle l’animatrice, Angélique la distributrice de stylos. Et surtout souhaitons bonne chance à nos quatre heureux représentants que nous ne manqueront pas d’aller soutenir au Lieu Unique à Nantes le 18 et le 19 juin. Car à Rennes, la famille du slam-poésie ne cesse de grandir et d’accueillir. Swan FFDSP* : Fédération française de Slam-poésie

    Résultats
    1 Gé 29
    2 Safir 28.9
    3 Luciole 28.5
    4 Zedesse 28.3
    5 Analfabète 27.9
    5 Youn 27.9
    6 Gwenadou 27.2
    7 Gab 27.6
    8 Nesson 27.1
    9 Roger J. 26.9
    10 Marie chiff'mine 24.6





REVENIR EN HAUT DE LA PAGE
Page d'accueil | Slam FAQ | Le Slam National | Boutique Online | Les Scènes Slam
Actualités FFDSP
| La FFDSP | Le Comité | Galerie de la Fédé | Presse | Liens | Forum
©2003, Fédération Française de Poésie. Tous droits réservés
Webmaster :